Le sommeil des adolescents
Heure de coucher tardif, irritabilité, somnolence et grasse matinée le week-end… Près d’1 adolescent sur 2 dort trop peu la semaine et souffre d’une dette de sommeil, comme le démontre l’étude scientifique publiée mi-février par la Fondation VINCI Autoroutes et la Fédération nationale des écoles des parents et des éducateurs (Fnepe). « Rythmes circadiens, rites et sommeil à l’adolescence et perception des risques : une approche familiale »
Ce décalage entre le rythme de sommeil biologique des adolescents et les horaires imposés par la société (début des cours au collège ou au lycée…) est également appelé le jet lag social. Certains d’entre eux rattrapent ces heures de sommeil le week-end.
Sommaire
⏰ Les adolescents sont naturellement décalés
S’ils ont tendance à se coucher tard, ce n’est pas toujours pour s’opposer à leurs parents… En effet, le sommeil des adolescents prend naturellement et progressivement du retard entre 10 et 20 ans pour les filles, et 10 et 22 ans pour les garçons, âge auquel leur système circadien arrive à maturité, explique Dr Claude Gronfier, Président du conseil scientifique de l’INSV, Neurobiologiste, Chercheur INSERM, Spécialiste des rythmes circadiens. « Comme ils sont également plus sensibles à la lumière, et qu’ils peuvent passer plusieurs heures devant des écrans avant le coucher, les adolescents et jeunes adultes peuvent souffrir d’un très important « jet-lag social » et d’une dette de sommeil associée très élevée.
👨👩👧👦 Des habitudes familiales de sommeil : le rôle essentiel des parents
Le manque de sommeil chez les adolescents est également intimement lié au mode de vie et aux habitudes des parents et notamment à celui de la mère. Chez les 31 familles suivies dans l’étude, 43% des adolescents dorment moins de 7 heures par nuit, alors qu’il leur en faudrait 9 heures. À la fin de la semaine, cela équivaut à une nuit de sommeil perdue. Ce manque est également constaté chez leurs parents : l’heure d’endormissement et de réveil ou les rituels d’endormissement de l’adolescent sont, de fait, nettement corrélés à ceux de sa famille. Ce manque chronique de sommeil existe chez près des deux tiers des parents interrogés dans l’enquête INSV/MGEN 2022 sur le sommeil des parents et de leurs enfants. Pour le Dr Sylvie Royant-Parola, « ces résultats confirment l’importance de l’autorité parentale à l’égard des messages concernant le sommeil. Les adolescents sont naturellement tiraillés entre leurs besoins vitaux, notamment celui de dormir, et toutes sortes de sollicitations et de nouvelles choses à découvrir ; ils ont beaucoup de mal à les hiérarchiser, et ils ont besoin d’une autorité qui leur permette d’établir ces priorités. Des parents qui ont eux-mêmes des problèmes de sommeil seront moins à même de transmettre des messages sur les règles à appliquer pour favoriser un sommeil de bonne qualité ». Tout comme des parents qui sont constamment les yeux rivés à un écran auront du mal à faire entendre à leur adolescent que cette attitude nuit au sommeil.
Les études mettent ainsi clairement en évidence la nécessité de fixer des règles pour encadrer le temps de sommeil de la famille et l’importance de l’exemplarité des parents dans ce domaine.
📵 Les écrans le soir
En dehors des habitudes familiales, un autre élément, nocif pour le sommeil, est à prendre en compte. Il s’agit de la place importante donnée aux écrans au moment du coucher.
Depuis quelques années, l’essor des écrans et du téléphone portable joue un rôle prédominant dans la dégradation de l’hygiène de sommeil. Adoptés dans la quasi-totalité des familles, ils représentent, le soir, une phase de décompression et de divertissement entre la journée de travail ou d’école et le coucher. Cependant, leur lumière bleue et leurs contenus addictifs retardent l’endormissement et renforcent ce symptôme de jet lag social.
🧘 Santé du sommeil et santé mentale sont intimement liées
D’après les résultats de l’enquête Journée du sommeil 2023, INSV et MGEN, les jeunes sont plus sujets à l’anxiété que le reste de la population (41% des moins de 35 ans vs 31% de l’ensemble des personnes interrogées). Cette anxiété est associée à une plus grande tendance aux réveils nocturnes (91% vs 80% de l’ensemble des personnes interrogées), à l’insomnie (35% vs 20%), aux troubles du rythme sommeil/éveil (25% vs 17%), et, logiquement, à une moins bonne qualité de sommeil (22% la jugent excellente vs 28%).
La recherche montre une corrélation entre la perturbation du sommeil et les troubles de la santé mentale tels que l’anxiété, la dépression et les addictions. La privation de sommeil peut en effet provoquer une moindre régulation émotionnelle, une moindre adaptabilité au stress et représente, par conséquent, un facteur de risque de rechute ou de pérennisation de la pathologie mentale. Quelle que soit son origine (conditions de sommeil peu adaptées, phénotype vespéral, décalages de l’horloge biologique), elle doit faire l’objet d’une attention spécifique.
➕ En savoir plus
« Rythmes circadiens, rites et sommeil à l’adolescence et perception des risques : une approche familiale »
Etude de la Fondation VINCI Autoroutes et la Fédération nationale des écoles des parents et des éducateurs (Fnepe)
Pilotée par Carmen Schröder, professeure de pédopsychiatrie au CHRU de Strasbourg, spécialiste du sommeil, et financée par la Fondation VINCI Autoroutes, l’étude a été menée par une équipe de 3 chercheuses des universités de Paris-Nanterre et de Strasbourg auprès de 31 familles constituées d’un adolescent âgé de 14 ans en moyenne, d’un ou deux parents et d’un ou plusieurs frères et sœurs.
À travers des entretiens individuels et collectifs, des questionnaires sur le sommeil et la qualité de vie, et un suivi du sommeil réalisé par actimétrie (petit appareil placé le plus souvent au poignet) auprès de 115 personnes, l’étude fait ressortir un déficit chronique de sommeil chez les adolescents et un lien étroit constaté avec le mode de vie et les habitudes de sommeil des parents. Cette étude vise alors à mettre en évidence l’importance d’une bonne hygiène de sommeil et sensibiliser au rôle prépondérant des parents dans la transmission du modèle donné à leurs enfants.
Eve Reynaud, docteure en épidémiologie, chercheuse, CNRS UPR 3212 & Hôpitaux Universitaires de Strasbourg,
– Elif Eyuboglu, psychologue clinicienne, doctorante à l’université de Rouen Normandie / université Paris-Nanterre,
– Ella Louis, psychologue clinicienne, doctorante à l’université Savoie – Mont-Blanc / université Paris-Nanterre.
Questionnaire du sommeil de l’adolescent
Le questionnaire de sommeil de l’adolescent mis à disposition par le Réseau Morphée est un bon moyen pour faire le bilan sur son sommeil, engager la discussion entre l’ado et ses parents ou encore avec le médecin de famille.
Ce questionnaire s’adresse exclusivement aux adolescents de 11 à 18 ans souffrant de troubles du sommeil depuis plus de 3 mois.
Sommeil, croyances, santé mentale et éco-anxiété. Enquête INSV/MGEN – Journée du sommeil® 2023
Sommeil, croyances, santé mentale et éco-anxiété Enquête INSV/MGEN – Journée du sommeil® 2023 La qualité du sommeil des Français mise à l’épreuve par les crises
📖 Les brochures en libre téléchargement
Sommeil et scolarité
Chaque année, les enfants entre 3 et 10 ans perdent 10 minutes de sommeil par nuit.
Cette diminution progressive du temps de sommeil est liée à un retard de l’heure du coucher souvent dû à la sur-sollicitation (télévision, Internet, jeux vidéo, téléphone portable…) et au décalage du rythme avec les parents le soir.
Il est donc primordial d’informer enfants, parents, enseignants et plus largement tous les éducateurs du rôle fondamental d’un sommeil de qualité sur les performances physiques et intellectuelles et plus particulièrement sur les fonctions d’apprentissage.
Carnet n°11 : « Le sommeil des jeunes 15-25 ans »
Le bon sommeil s’apprend. Pour vous aider au quotidien à lui assurer un sommeil de qualité, l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance a souhaité, à travers cette brochure, faire le point sur les besoins de sommeil des jeunes et sur les moyens pour eux de trouver des conditions optimales de sommeil au moment où ils se préparent aux enjeux essentiels de leur vie d’adulte.
Mieux comprendre le sommeil à l’adolescence et chez le jeune adulte
Ce recueil d’informations est le fruit d’une étroite collaboration entre le C’JAAD (Centre d’Evaluation pour Jeunes Adultes et Adolescents) du GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences, le Réseau Transition (Institut de Psychiatrie), et l’association La Maison Perchée. Il a été réalisé dans le cadre du RHU PsyCARE financé via le programme investissements d’avenir (PIA 4). Cette brochure vous informe sur le sommeil chez l’adolescent et le jeune adulte.
Parents, comment limiter les conséquences de l’anxiété sur le sommeil de vos enfants ?
Parents, comment limiter les conséquences de l’anxiété sur le sommeil de vos enfants ? L’anxiété peut entraîner ou augmenter des troubles du sommeil chez vos
Sommeil et nouvelles technologies
Sommeil et écrans ÉCRANS ET LUMIÈRE BLEUE, CE QU’IL FAUT SAVOIR L’exposition à la lumière bleue des écrans stimule fortement les récepteurs de la rétine,
Une chambre idéale pour bien dormir : jeu des 6 erreurs
Une chambre idéale pour bien dormir : jeu des 6 erreurs Le sommeil dépend des rythmes biologiques mais également des conditions dans lesquelles se déroule
Sommeil de l’enfant
Le sommeil de l’enfant Le sommeil joue un rôle essentiel dans la croissance, le développement cérébral, la mémoire et toutes les fonctions cognitives. Un sommeil