À l’occasion de la 25ᵉ Journée du Sommeil, l’enquête annuelle de l’INSV met en lumière une réalité préoccupante : la dégradation, depuis 2020, de l’état de santé mentale des Français, en particulier des jeunes adultes et, dans le même temps, la hausse de la somnolence. Deux phénomènes dont on sait qu’ils sont étroitement liés et qui nécessitent impérativement une prise en charge conjointe.

Avec des rythmes de vie toujours plus soutenus, des usages numériques omniprésents et des horaires de sommeil décalés, les Français dorment en moyenne trop peu, ce qui impacte directement leur vigilance et leur santé. Cette année, l’étude menée avec OpinionWay révèle que plus d’un quart des Français souffre de somnolence, un phénomène particulièrement marqué chez les jeunes adultes, les travailleurs de nuit et les personnes aux horaires irréguliers. Ce qui frappe également, c’est la hausse du nombre de personnes interrogées souffrant d’anxiété et/ou de dépression ; là encore, les jeunes adultes sont les plus concernés. Pour autant, rares sont les personnes à faire le lien entre santé psychique fragile et somnolence, et donc à prendre les mesures nécessaires pour y remédier.

L’INSV souhaite sensibiliser les Français aux dangers de la somnolence et alerter les pouvoirs publics afin qu’ils considèrent ce symptôme comme un problème de santé publique sérieux qui mérite d’être intégré dans les dispositifs de prévention en santé mentale. De la même manière, l’INSV considère qu’il est urgent de rechercher l’existence de troubles psychiques chez les personnes qui se plaignent de somnolence, afin de leur proposer une prise en charge globale adaptée.

Sommaire

📊 Les chiffres clés du sommeil en 2025

Les habitudes de sommeil des Français depuis 25 ans : des besoins non couverts.

  • 7h04 de sommeil en semaine (+22 min vs 2024)
  • 7h38 le week-end (+13 min vs 2024)
  • 23h11 : heure moyenne du coucher en semaine
  • 6h30 : heure moyenne du lever en semaine
  • 1/4 des Français dort moins de 6h par nuit en semaine
  • 43% déclarent souffrir d’au moins un trouble du sommeil

Les résultats de l’enquête Opinionway 2025 pour l’INSV/Fondation VINCI Autoroutes montrent que les Français se couchent de plus en plus tard : en moyenne, ils sont au lit à 23h11 la semaine (vs 23h06 en 2024) et à 23h55 le week-end (vs 23h46 en 2024). Ils se lèvent également un peu plus tard que l’année précédente (6h30 en semaine vs 6h24, et7h45 vs 7h33 le week-end). Mais comme ils s’endorment plus rapidement que l’année dernière (31 minutes en semaine vs 37 minutes, 32 minutes le week-end vs 40 minutes), leur durée de sommeil a augmenté : elle est de 7h04 les jours de semaine / travaillés (vs 6h42 en 2024), et de 7h38 en congés (vs 7h25 en 2024). Notons toutefois qu’on reste très loin des horaires en 2019, avant la crise du Covid, la durée moyenne de sommeil les jours de repos était alors de 8h14. Par ailleurs, l’enquête révèle de fortes disparités. Ainsi, près d’un quart des personnes interrogées dorment moins de six heures en semaine, ce qui est insuffisant.

On constate une certaine stabilité de la durée de sommeil les jours de travail depuis 2010. En revanche, les Français dorment de moins en moins longtemps le week-end.

😴 Somnolence : un phénomène sous-estimé

  • 26 % des Français souffrent de somnolence dont 7 % de somnolence sévère.
  • La somnolence touche particulièrement :
    • 36 % des 18-24 ans.
    • 39 % des personnes ayant des horaires irréguliers.
  • 32 % des conducteurs ont vécu un épisode de somnolence au volant.

La somnolence excessive apparaît comme le reflet de nos modes de vie modernes, marqués par l’irrégularité des rythmes, la privation de sommeil et la surexposition aux écrans, sur lesquels l’INSV attire l’attention depuis plusieurs années. Les jeunes générations et les courts dormeurs en sont les premières victimes, confirmant l’impact des horaires décalés et du sommeil insuffisant sur la vigilance en journée.

Si le manque de sommeil est aujourd’hui largement reconnu comme un facteur clé de la somnolence diurne, la banalisation de la dette de sommeil et des stratégies de récupération inadaptées restent des défis majeurs en santé publique. Face à cette évolution préoccupante, une sensibilisation renforcée aux véritables déterminants du sommeil réparateur est plus que jamais nécessaire.

🧠 Somnolence et santé mentale : un lien avéré

  • 37% des Français qui se déclarent anxieux et 40% dépressifs sont effectivement plus somnolents
  • 75% des personnes qui présentent des troubles psychologiques ont des troubles du sommeil.
  • Moins d’1 Français sur 4 fait spontanément le lien entre somnolence et souffrance psychologique.

La somnolence excessive, en particulier lorsque qu’elle s’accompagne de changements d’humeur, d’une perte d’intérêt pour les activités ou d’une tristesse persistante, peut être un signe de trouble mental. La durée et la fréquence des siestes sont de bons indicateurs : une sieste réparatrice, qui compense ponctuellement un manque de sommeil, est normale. En revanche, si elle devient excessive, sans procurer un réel bénéfice, il est essentiel de se questionner. Si les besoins de sommeil restent insuffisamment couverts malgré ces épisodes de repos diurne, mieux vaut consulter

🛑 Les mauvaises habitudes qui aggravent la somnolence

  • 38 % des Français consomment café/boissons énergisantes pour lutter contre la somnolence.
  • 5 % prennent des médicaments stimulants (11 % chez les 25-34 ans).
  • 1h06 : durée moyenne d’une sieste en France (trop long ! Idéalement 20 min).
  • 36% des Français déclarent être fumeurs ou vapoteurs. Parmi eux :
    • davantage de troubles du sommeil (notamment le syndrome d’apnées du sommeil)
    • une pratique plus régulière de la sieste et plus longue que la moyenne des Français
    • plus nombreux à recourir à un stimulant tel que le café ou des boissons énergisantes en cas de somnolence.

📌 Chiffres clés du sommeil des jeunes adultes (18-24 ans)

1️⃣ Chiffres préoccupants sur le sommeil des 18-24 ans :

  • 36 % souffrent de somnolence excessive.
  • 36 % souffrent d’anxiété et 28 % de dépression.
  • 14 % font des cauchemars au moins une fois par nuit.
  • 45 % se sentent extrêmement somnolents au moins une fois par semaine.
  • 42 % ont ressenti une envie irrésistible de dormir en cours ou au travail.
  • 48 % se considèrent comme des « couche-tard », ce qui perturbe leur sommeil.

2️⃣ Mauvaises habitudes qui nuisent au sommeil et à la santé mentale :

Contenus anxiogènes avant le coucher : stress et difficulté à s’endormir.

Clinophilie / Bed Rotting : rester au lit trop longtemps sans dormir dérègle le cycle veille-sommeil.

Hyperconnexion nocturne : les écrans retardent l’endormissement et aggravent les insomnies.

🚘 Somnolence au volant : un danger majeur
  • 1 conducteur sur 3 a déjà vécu un épisode de somnolence l’obligeant à s’arrêter.
  • Les jeunes de moins de 35 ans sont particulièrement touchés et impliqués dans 38 % des accidents mortels liés à la somnolence, alors qu’ils ne représentent que 17 % des conducteurs.

3️⃣ 7 réflexes pour mieux dormir et protéger sa santé mentale :

Mieux se connaître : adapter son sommeil à ses besoins.

Prêter attention à la somnolence en journée, un signe que le sommeil n’est pas réparateur.

S’exposer à la lumière naturelle le matin pour réguler son horloge biologique.

Garder des horaires réguliers de coucher et de lever, même le week-end.

Éviter les écrans et excitants (café, nicotine, boissons énergisantes) le soir.

Tester la sieste courte (20 min) pour recharger son énergie.

Bouger en journée pour favoriser un bon sommeil.


Un bon sommeil se prépare dès le matin ! 😉

Si vous avez des difficultés, parlez-en à un spécialiste du sommeil ou à votre médecin.

Intervenants : 

  • Professeur Jean-Arthur Micoulaud, Médecin du sommeil, PUPH, CHU de Bordeaux

  • Madame Bernadette Moreau, Déléguée générale de la Fondation VINCI Autoroutes

  • Docteur Isabelle Poirot, Psychiatre, Vice-Présidente de l’INSV, Spécialiste des troubles du sommeil, CHRU de Lille

  • Docteur Marc Rey, Neurologue, Président de l’INSV

  • Docteur Marie-Françoise Vecchierini, Neuropsychiatre, Spécialiste du sommeil, Centre du Sommeil et de la Vigilance, Hôpital Hôtel Dieu Paris (APHP)

  • Avec la participation de Madame Nadia Auzanneau, Directrice du Département Santé OpinionWay

Sommeil, somnolence, santé mentale : quels liens et quels enjeux ? Enquête INSV/Fondation VINCI Autoroutes menée par OpinionWay Journée du sommeil 2025.

Mars 2025.